L’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais et le baptistère
L’église est l’une des plus anciennes de France. L’église est dédiée à saint Gervais et à saint Protais, des frères jumeaux dont le culte était très important au début du christianisme et durant l’époque mérovingienne (486-751).
L’église a été construite en plusieurs phases, entre la fin de l’époque romaine et le milieu du Moyen Age, sur les vestiges d’un sanctuaire romain (murs visibles sur la place).
La partie la plus ancienne, le chœur, a été édifié entre le 4° et le 8° siècle. La nef est d’époque romane, bâtie entre le 10° et le 12° siècle.
A l’époque mérovingienne, l’église formait avec le baptistère tout proche un ensemble religieux de premier plan au niveau régional. La piscine baptismale, utilisée pour le baptême des premiers chrétiens, est encore en place, au sein des vestiges du baptistère et du sanctuaire romain. C’est probablement cet ensemble religieux associé à la présence de reliques des deux saints qui explique le grand nombre de sépultures d’époque mérovingienne, les fidèles souhaitant être inhumés au plus près de reliques et de lieux saints pour accéder plus facilement au paradis.
Dans le chœur, une stèle paléochrétienne témoigne de la présence précoce d’un édifice chrétien à Civaux, probablement dès les années 400 : il pourrait s’agir d’un mausolée, peut-être pour Aeternalis et Servilla. Ce sont les deux plus anciens noms d’habitants de Civaux que nous connaissons.
C’est sur les vestiges du mausolée qu’est construit le chevet durant l’époque mérovingienne, peut-être au 6° siècle. A cette époque, le décor se composait de bandeaux de couleur rouge mis en place au niveau des joints entre les blocs de pierre. Ces bandes de couleur reliaient les fenêtres entre-elles : jouant sur le contraste entre la couleur blanche de la pierre et le rouge des joints, le chevet de l’église était ainsi embelli.
Les murs de la nef sont édifiés à l’époque romane et sont percés de petites baies hautes et étroites. Le clocher et la façade sont décorés de corniches supportées par des modillons à figure animale et humaine : loup, ours, bélier, crapaud, mais aussi lions, griffon et poisson.
Les chapiteaux sont datés du tout début du 12° siècle. Le style de ces chapiteaux est proche de ceux de Saint-Pierre-de-Chauvigny (dragon dévorant un damné et atlante). Cependant, un chapiteau orné de trois scènes est d’une facture plus originale avec la représentation du mariage, de la tentation incarnée par une sirène et de l’eucharistie.
L’église connaît d’importants travaux d’embellissement entre 1860 et 1866. C’est de cette époque que datent la réfection des voûtes, le décor peint et les vitraux de la nef.
Entre 2010 et 2013 l'église a été entièrement restaurée, ce qui a permis la découverte de murs romains (4°-5° siècles) dans le chœur et d'une peinture murale gothique sur un pilier représentant saint Christophe (14°-15°siècles).
Classée Monument Historique en 1913.